medoc et gorille en peluche (anakin&annabeth)

Mes tâches comme chef du syndicat étaient variées. Très variées. Et aujourd’hui, j’avais mobilisé Annabeth Lowell pour aller à la pêche aux médicaments. En fouillant une usine, des bricoleurs étaient tombés sur des cartons de médicaments, principalement des anti-douleurs, c’était une chance énorme. J’avais dû gueuler pour qu’on ne les jette pas, le commun des mortels ne sachant pas forcément qu’une date de péremption n’avait pas forcément de sens quand elle était gravée par des industriels plus inquiets de leurs sous que de lutter contre le gaspillage… C’était là que mon diplôme en chimie servait, puisque tout chimiste qui se respectait savait que ce qui était intéressant dans un traitement, c’était la substance active. Et si celle-ci restait dans son emballage, à l’abri, ça allait. Ça pouvait servir. Et même que les réserves n’étaient pas éternelles, je serrais déjà bien assez la vis comme ça…

Et au pire, tout ce que le patient aura fait, c’est bouffer de l’emballage avec une molécule morte. A peine de quoi hausser les épaules, puisque les substances actives, une fois désactivées, n’avaient strictement aucun effet. Au final, les doc’ de l’infirmerie n’avaient ensuite qu’à espérer que ça fonctionne au bout d’un moment.

Et les pathologies graves, de toute façon… En cinq ans, sans hôpital, elles devaient certainement toutes avoir déjà passé l’arme à gauche, et leurs traitements étaient bien trop spécifiques pour espérer un jour parvenir à en sauver ne serait-ce qu’une persone.

« Bon, t’es prête ? Fait gaffe à où tu marches, ils ont à peine réparé le coin, juste de quoi nous permettre de rouler les valises. » Pour transporter les médicaments, nous avons chacun deux valises de voyages qui roulaient encore plus ou moins bien, avec un sac à dos supplémentaire. A deux, on devrait pouvoir faire quelque chose, en quelques voyages. Ca évitait de vider l’infirmerie, et surtout, ça me permettait d’avoir une paire d’yeux supplémentaires, puisque les miens n’étaient pas forcément les meilleurs.

Tout juste de quoi éviter les obstacles et les quelques objets qui pouvaient me faire trébucher.

Il n’y avait pas tellement de lumière, juste quelques rais venant des énormes vitres du haut du hangar. Ce devait avoir été un bâtiment qui conditionnait les produits, les mettant dans les boites avant d’être expédiés là où ils étaient commandés. D’après celui qui m’avait prévenu qu’il y avait des médicaments, ils se trouvaient vers la droite, à côté d’un conteneur rouge foncé, près des bureaux de ce qui devait sûrement avoir été l’administration des lieux. « Tu les vois ? » J’avais beau promener mon regard un peu partout, je ne repérais aucun conteneur rouge, et pourtant, ça ne devait pas se rater. « On ne s’est pas planté d’usine quand même ? »

Medoc et gorille en peluche

Pourquoi moi ? C'est la question que je me pose, en faisant rouler les valises qui me paraissent déjà peser une tonne, même vides. Lorsque mon nom est ressorti, je me suis demandée ce que j'avais bien faire de mal pour être forcée d'accompagner notre chef de syndicat à la pêche aux médicaments. Clairement, je ne suis physiquement pas la plus adaptée pour cette tâche... mais je n'ai pas vraiment pu refuser. Je suis comme ça, plutôt disciplinée, peut-être les vestiges d'une éducation ou d'un tempérament passés. « Bon, t’es prête ? Fait gaffe à où tu marches, ils ont à peine réparé le coin, juste de quoi nous permettre de rouler les valises. » Un léger sourire m'étire les lèvres. Anakin est appelé « Le Miro », ce n'est pas tellement un secret. Et la raison de ce surnom vient animer nos conversations, des fois. Notre chef de syndicat n'y voit rien. C'est un fait. C'est potentiellement risible, définitivement drôle pour le grand manitou des scientifiques, mais c'est comme ça. « Oui, oui. Je fais attention. » dis-je, simplement, en retenant une vanne sur son léger handicap. Je ne le connais pas plus que ça, je n'ai pas encore pu jauger si je pouvais me permettre d'être piquante...

Je lui emboîte le pas, en regardant autour de moi. Une vieille usine, laissée brutalement à l'abandon, comme si les gens n'avaient même pas pris le temps de finir ce qu'ils avaient à faire avant de partir... Ça a peut-être même été le cas, à vrai dire, ce ne serait pas si étonnant. Je déglutis légèrement. Ceux qui n'ont pas pu fuir ont certainement finis coincés comme des rats, face à l'inévitable, sans même une lueur d'espoir. C'est le problème de ce genre de bâtiment... Peu importe. Sans dire quoi que ce soit, je me mets à la recherche du fameux conteneur rouge, dont nous avons eu écho. Presque inconsciemment, je calcule également le temps qu'il me faudrait pour sortir de ce bâtiment en abandonnant Anakin et les valises. Environ une minute, d'après mes calculs, et en évitant les zones du sol qui pourraient me faire risquer une chute. « Tu les vois ? » La voix du Miro me fait brutalement sursauter, moi qui me suis encore perdue dans mes pensées. J'en fais tomber l'une de mes valises, que je m'empresse de ramasser. « On ne s’est pas planté d’usine quand même ? » Je ferme les yeux quelques secondes, le palpitant qui s'affole dans ma poitrine. A force de compter, de calculer, d'anticiper une potentielle fuite, j'en ai presque oublié la présence de ce type. Et sa prise de parole n'a fait qu'accentuer cette paranoïa qui me pousse à des calculs pointus, mais inutiles, pour éventuellement sauver ma propre vie.

Rouvrant les paupières, je balaie à nouveau la pièce du regard. Jusqu'à le voir, le fameux conteneur. « Il est là. » fini-je par articuler, en faisant signe à Anakin pour qu'il me rejoigne. En effet, des cartons entiers de médicaments se trouvent là, et machinalement, je m'accroupis pour fouiller. « Ils sont encore sous emballage. Des anti-douleurs, pour la plupart. Il y a des anesthésiants, aussi. » que je lâche, avant de commencer à remplir l'une de mes deux valises. Autant ne pas perdre trop de temps. C'est, en tout cas, une belle découverte. Avec un peu de chance, on pourra faire quelque chose de ces médicaments. Je souris légèrement à Anakin, lorsqu'il se trouve à ma hauteur, avant de me relever. « Je vais aller voir par là-bas si on ne peut pas trouver d'autres choses. » déclare-je, pour fuir la proximité physique imposée par le fait de devoir fouiller dans de mêmes cartons. Et c'est vers les bureaux que je me dirige. On trouve toujours de tout, dans les bureaux.

Mais, au lieu de trouver des choses utiles, c'est sur une peluche que mon regard s'accroche. Il lui manque un œil, et je jurerais que l'aspect poisseux des poils noirs à certain endroit est dû à du sang séché... mais mon cœur manque un battement. Et ma gorge se serre avant même que je ne puisse vraiment m'en rendre compte, précédant un premier sanglot douloureusement bruyant qui m'échappe alors que je sens des larmes me rouler sur les joues. Un gorille. C'est un gorille.

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Quand elle pointa enfin ce que nous cherchions, je soupirai de soulagement. « Ah, super. » Et sans perdre de temps, nous nous dirigeâmes vers le conteneur tant désiré. Tout comme Annabeth, je m’accroupis, ouvrant les cartons qui n’avaient pas été touchés par les bricoleurs. Elle avait raison, c’étaient principalement des anti-douleurs et des anesthésiants. C’était parfait, vraiment, on en manquait et vu le nombre de personne qui se blessaient de façon régulière, entre les trouve-tout, les bricoleurs, les bagarreurs, ce n’était pas plus mal. Et les anesthésiants, c’était parfait si certaines opérations devaient se faire. « C’est une super trouvaille, vous serez contents à l’hôpital ! » Je fis un léger sourire. Surtout qu’ils étaient encore dans un emballage, ça permettait à la molécule d’être protégée du soleil, des contaminations, les médicaments devaient être encore très efficaces.

Quand elle proposa d’aller regarder par-là bas s’il y en avait encore, j’acceptai : « Vas-y, appelle-moi si tu as besoin, je commence à remplir les valises. » Ce que je fis, disposant le tout ouvert, et rangeant délicatement les flacons et autres plaquettes directement dedans. On allait sûrement faire deux allers-retours, au moins, malgré les grosses valises et les sacs en plus qu’on avait. C’était un excellent stock qu’on avait là, on allait pouvoir voir venir un peu, cumulé avec ce que ramenaient les trouve-tout…

Et j’étais en train de faire tout ça quand j’entendis une plainte vraiment bruyante, qui m’avait fait sursauter au point que j’avais failli lâcher des médicaments. Je les disposai à la va-vite, en vrac, dans la valise, gardant mon cutter en main au cas où, me demandant si elle était blessée ou si un zombie avait échappé à la vigilance des bricoleurs.

Je me repérai à l’origine du bruit, qui me disait que ce devait être vers les bureaux qu’elle se trouvait. Ainsi, courant presque, j’étais arrivé à la porte, la voyant de dos. « Qu’est-ce qu’il se passe ?! » J’avais tenté de regarder partout s’il y avait un zombie, mais disons que s’il y en avait un, je ne l’aurais pas raté. Et lui ne m’aurait pas raté aussi… Donc elle devait s’être blessée. « Annabeth ? » Elle était réellement en train de pleurer ? Est-ce qu’il y avait une seule personne dans cette ville qui allait éviter de pleurer devant moi ? Genre, vraiment ?

Ce n’était pas que j’étais insensible, mais ça pétait sérieusement les couilles et ça pouvait attendre que le boulot soit fait.

Elle n’avait même pas l’air blessée de prime abord, et elle tenait une peluche dans ses mains, un truc noir, on dirait un singe, ou je ne savais pas trop quoi. A tous les coups, ça lui rappelait des souvenirs, et elle regrettait sa vie d’avant, un truc du genre. J’en avais de la chance de finalement n’avoir rien à regretter, quelque part…

Et je faisais quoi maintenant ? Parce que sérieux, je n’étais pas de ceux qu’on venait voir pour du réconfort, tout ce que je savais faire, c’était tapoter sur l’épaule en disant « allez, on retourne au boulot ». Ca marchait bien pour moi, ça gardait l’esprit occupé. Du coup, pour le coup, je me contentai de ça : un tap-tap sur l’épaule. « Ça va ? »