porte fermée (rp loterie prihaya&peter&alysha)

C'était inespéré de voir le soleil se lever un nouveau jour, sans avoir à craindre de perdre une énième fois son chez soi. Comme chaque matin, depuis qu'elle commençait à offrir une chance à cette ville, Prihaya prenait un temps pour profiter de ce cadeau de la vie. Voir sa petite puce partir en riant pour débuter sa journée lui réchauffant le cœur, bien qu'en parallèle cela ne cessait jamais de lui rappeler l'ombre manquante accompagnant l'enfant. Toujours elles avaient été deux et si l'on disait que le temps adoucissant les peines du cœur, jamais elles ne s'effaçaient complètement.

Et pourtant, bien que la jeune femme savourant cette journée tout comme elle avait savouré les dernières, sa patience avait été mise à rude épreuve. Mais ne l'avait-elle pas toujours été lors de sa survie hors des murs ? Destiny avait beau être une aubaine, la ville était encore en cours de construction et cela se sentait. La mère en avait fait les frais en laissant sa fille sur la route de ce qui servait d'école temporaire, tandis qu'elle aime allait rejoindre son poste. Et si elle se sentait chanceuse de n'avoir rien eut de grave, elle ne pouvait qu'imaginer la réaction des plus impatiente qui faisaient les frais des aléas de ce refuge.

En plaignait-elle les bricoleurs de devoir constamment être sur le qui-vive ? Devoir encaisser la mauvaise humeur de celui se levant du mauvais pied et enchaînant les catastrophes de la journée de par l'état des lieux ? Elle pouvait, mais ne le faisait pas non plus. Prihaya avait beau avoir un cœur tendre et l'esprit d'une mère, elle n'était pas non plus naïve. C’était de leur travail que d’essayer et les plaindre reviendrait à devoir le faire pour tout le monde. Une erreur des gratte-papiers, un retour les mains vide des chasseurs ou des trouve-tout, tous pourraient être à plaindre dans ce cas. Mais la Norvégienne ne les accusait nullement des problèmes que pouvaient connaître la ville, pas après les nombreuses épreuves que chacun avait traversé. Elle se montrait compréhensive de chaque effort, c’était déjà une aubaine d’avoir un tel lieu, bien que sa méfiance restait quelque part enfouie en elle.

Et pourtant, les défauts de Destiny résultant d’une erreur humaine allait toucher la mère. Un simple hasard alors qu’elle avait demandé de l’aide pour cet amas de textile, mais présent dans ce claquement de porte résonnant. Sous l’effet du bruit, Prihaya s’était vivement retourné, délaissant le tas dont elle s’occupait. L’obscurité était là, dérangée par un filet de lumière filtrant entre les jonctions de cette porte. Un froncement de sourcil tandis qu’elle avait pris s’en approchait, essayant d’ouvrir cette dernière.

« Helvete faen ! »

L’insulte norvégienne s’était accompagnée d’un coup dans la porte. Une habitude chez la Hafmeyjan de renouer avec sa nationalité lors d’une contrariété. Un tic de langage faisant rire sa fille qui comprenait l’appartenance du mot à la vulgarité, mais qui ne faisait actuellement pas rire la jeune femme.

« La porte est trop lourde pour moi. Peut-être qu’à deux ? »

Elle s’adressait à Peter, le jeune homme enfermé avec elle. Son manque de force était peut-être un reliquat de son errance, ou bien la porte était-elle définitivement trop lourde…

Ses mots avaient été à la hauteur de la situation. Un vrai bordel que d’être enfermé dans ce hangar avec cette porte décidément trop lourde. Prihaya se demandait un instant ce qu’elle avait mérité afin de vivre ça, ainsi que Peter. Car dans ce malheur, elle n’était pas seule et si certains pouvaient sous-entendre une plaisante compagnie, ce n’était rien de tout cela qui occupait l’esprit de la Norvégienne. Son esprit se mettait à analyser les lieux afin de comprendre, partager les informations. Peter savait désormais que la porte était trop lourde pour elle. Bien qu’elle avait repris du poil de la bête, sa silhouette restait frêle et la salle de sport n’était pas vraiment son lieu de prédilection dans les temps actuels. L’intellect par contre, aucune apocalypse ne pouvait lui retirer cet entretien qui ne nécessitait rien d’autre que son esprit. Et pourtant, alors qu’elle avait machinalement mis un coup à cette porte bloquée, son esprit ne lui servait à rien d’autre qu’à constater le constatable : ils étaient bloqués.

La force de Peter associée à la sienne pouvait aider à bouger cette carlingue de ferraille. C’était certainement la meilleure des idées pour l’heure alors qu’elle n’avait réussi à rien seule. À deux, la force allait être doublée, cela pouvait fonctionner. En vain. Force de se rendre à l’évidence, la porte n’avait pas bougée d’un pouce. Elle avait beau avoir redoublé d’efforts, se servir du chambranle pour prendre appui, la barrière entre eux et la liberté refusait de céder.

« On doit trouver un nouvel angle d’approche. »

Prihaya aurait pu surenchérir avec une nouvelle insulte dans l’une des langues qu’elle maîtrisait, mais cela n’allait avancer à rien. Ni la frapper. Il fallait réfléchir, comme elle l’avait dit, trouver un nouvel angle. Tirer, pousser, rien n’y faisait. Soit la porte était trop lourde, soit un système de fermeture était activée. Seulement, la pensée de la brune fut attirée par ce détail que pointait le jeune homme.

Du bruit se faisait entendre en effet, il avait raison. La Norvégienne avait dû mal à le discerner, mais si quelqu’un était dans le coin, il fallait l’avertir de la présence de prisonnier du karma. Une seule pensée amusante avait traversé l’esprit de la mère de famille, l’infime espoir que ce n’était pas sa sœur, sans quoi elle aurait le droit à certaines boutades. Cette idée la faisait sourire un instant avant de se joindre à la voix de Peter en faisant résonner la ferraille de la porte par un coup.

« Par ici ! »

Une voix, étouffée par la barrière leur venait en réponse. Prihaya n’arrivait pas à l’identifier, mais le peu qu’elle entendait lui laissait comprendre que Peter avait été reconnu. L’oreille proche de la paroi, elle écoutait la stratégie proposait et acquiesçait pour montrer au jeune homme qu’elle était partante pour essayer. Tout était bon à prendre dans cette situation.

L’épaule contre la porte, les pieds bien ancrés au sol, la Hafmeyjan donnait comme un signal à Peter pour tenter.

« Allez-y, tirez ! »

Elle avait haussé la voix pour se faire entendre par la tierce personne et commençait à mettre toute sa force dans le poussée. Ses pieds dérapaient dans la poussière, mais elle ne cessait de reprendre appuie afin de donner plus de force. Les muscles contractés, elle cherchait à se coordonner avec Peter pour la faire bouger de quelques millimètres.

« Tu crois qu’un levier pourrait nous aider ? »