Forum RPG post-invasion de zombies, mettant en jeu la reconstruction d'une société par les derniers survivants
 
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« Fistful of Silence » BobxLeia

Sujet: « Fistful of Silence » BobxLeia   Sam 20 Avr 2019 - 14:48 —
Leia Wayne
Leia Wayne
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Chambre : Chambre 1, étage 3
Occupation : Standardiste de nuit à l'Hôtel
☾ ☾ ☾ Silence is only frightening to people who are compulsively verbalizing.


« Putain, Batgirl, tu peux pas aller lui dire de faire moins de bruit ! ». Leia roule des yeux à l'idée de devoir se mêler d'un truc dont elle se fout. D'un soupir, elle se lève de son bureau pour aller jusqu'à la chambre de Bob, frapper, et lui demander de faire moins de bruit alors que l'étage entier râle et que la réceptionniste ne pourrait pas paraître moins intéressée.

C'est comme ça que tout a commencé. C'est comme ça que ça s'est créé. Par le souffle las de la brune, en fixant les yeux de celle qui semblait causer une révolte dénuée de sens. Désintéressée totalement des querelles entre les uns et les autres, Wayne se contentait de monter quand trop de gens descendaient se plaindre. Non pas parce qu'elle y tenait, très loin de là, simplement parce que si elle n'en avait rien à faire que les gens hurlent, ça lui cassait les oreilles quand c'était sur elle. Y a eu plusieurs semaines, depuis son arrivée, enfin, les premières semaines, où elle a dû monter. Une routine un peu stupide qui s'est installée. Bob fait trop de bruit. Les gens lui demandent de faire moins de bruit. Bob s'en fout. Les gens demandent à Leia que la brunette fasse moins de bruit. Leia s'en fout. Les gens insistent. Leia monte, frappe. Bob et elles se regardent aussi désabusées l'une que l'autre. Fin de l'histoire. On recommence dans quelques jours.

Au final, elle aurait pu s'habituer à ça, l'ex-scientifique. Faut dire qu'elle peut s'habituer à tout, c'est facile, quand on semble en dehors de la vie, de s'habituer à son rythme. Parce qu'aussi désagréable, usante et pénible la routine puisse être, si elle existe, ça veut dire que la vie reprend, continue. Que le temps avance et elle avec. Qu'il n'y a plus lieu de se demander constamment si c'est pas la mort, qui l'a récupérée y a quatre ans, lui offrant un cauchemar sans fin au bout du tournant. Si Ivy était son ancre dans cette nouvelle vie, Bob semblait lui offrir ce semblant de stabilité, qu'à défaut de rechercher, elle prenait plaisir à trouver. Lors des réveils violents, des flashs et des images trop dures. Lors de ces moments où son cœur se serre tellement fort que ça la brûle. La voix de Bob suffit à la ramener à la réalité, elle suffit à lui dire que ce n'est qu'un énième cauchemar, plus la réalité.

C'est ce qui se passe ce soir là, le premier où Bob a préféré descendre plutôt que de la voir monter. Sa voix a résonné dans les couloirs et la traumatisée s'est vue rassurer. Une nouvelle routine, un nouveau compromis avec moins de gens qui crient. La mécano descend quand ça gueule trop et vient lui tenir compagnie. Une compagnie bien différente de celle d'Ivy, non seulement parce que les deux femmes étaient très différentes mais aussi parce que la base de leur relation l'était. Ce n'était pas le sommeil, l'angoisse ou la peur qui liait les deux demoiselles dont on parle ici. Mais bel et bien leur capacité à s'ennuyer du comportement des autres. Peut-être que c'était pour ça que les silences suffisaient. Leia qui bossait tranquillement dans son coin, Bob qui traficotait des trucs de ses mains.

Au grand désespoir de ceux qui pouvaient récupérer le bureau le matin, la compagnie nocturne de Bob n'arrangeait pas l'état du bureau déjà très bordélique de la réceptionniste. Mais qu'importe. Y avait une nouvelle attache dans un monde encore très flou pour la physicienne. Une attache qu'elle n'avait pas encore apprivoisée, qu'elle n'apprivoiserait peut-être jamais, mais qui semblait tout de même la soulager. Un nouveau point de repère dans un monde où tout était à refaire.

C'est pour ça que ce soir, lorsqu'elle entend le brouhaha des couloirs s'intensifier, Leia ne bronche pas même une seconde. Les pieds sur le bureau, laissant une énième marque de talon sur le bois un peu usé, elle s'amuse à viser le plafond avec un crayon. Lèvres serrées, concentrée pour bien viser et le planter dans ce dernier. Les pas, les portes qui claquent, rien ne la déconcentre alors que la mine du crayon finit par se planter dans le plafond. Sourire satisfait. Là voilà désormais debout sur son bureau, pour rattraper le dit crayon et recommencer. Suffisamment grande pour ne pas avoir à se tortiller dans tous les sens, elle tend le bras quand elle entend des pas se rapprocher. Sa longue chevelure glisse le long de ses épaules quand elle aperçoit Bob qui traverse le peu de chemin qui les sépare encore. Détournant de nouveau le regard pour finir d'attraper son objet adoré, Leia en profite pour glisser, sans prendre la peine de la regarder. « Je me disais bien que j'avais entendu des portes claquer. » Ton totalement neutre, alors que la mine se décroche de ce pauvre plafond et que Leia observe son jouet quelques instants avant de s'appuyer d'une main pour retrouver le sol et enfin faire face à sa compagnie pour la nuit. « La chaise est juste là bas. » Qu'elle montre du bout du nez, pointant la direction dans laquelle Ivy l'avait laissé, quelques nuits à peine auparavant. Pendant que Bob prend le temps de s'installer, Leia enlève les traces de ses pieds trop visible sur le bois d'un geste peu convaincu avant de retrouver sa propre chaise. « T'as amené quelque chose que tu dois finir ou tu veux jouer avec moi ? » Toujours aussi neutre, aussi calme, les mots pourtant simples sont un miracle venant de la bouche de l'insomniaque. « J'essaie de battre mon record. Vingt-trois fois d'affilé, sans qu'il tombe. » Qu'elle articule, le crayon entre les doigt et pointant le plafond où les petits trous un peu noircis par la mine se cumulent côte à côte. Mais au final, ça n'a pas d'importance. Puis c'est futile. Comme tout ce que dit la fille de la nuit. Comme tout ce qu'elle pense, aussi. Alors elle observe Bob et lui demande, sans trop savoir si c'est de la politesse ou du réel intérêt. « Comment tu vas ? » Mais ça se fait, qu'on dit. De dire ces choses là. Puis même si elle sait pas tellement les raisons du pourquoi, l'important c'est qu'aujourd'hui, elle parle, n'est-ce pas ?

» excelsior ; William S. Burroughs
Sujet: Re: « Fistful of Silence » BobxLeia   Dim 21 Avr 2019 - 2:10 —
Rae Anagonye
Rae Anagonye
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Chambre : Chambre 5, étage 8, partagée avec Elena Mathewsen
Occupation : Chef du syndicat des Bricoleurs
☾ ☾ ☾ Words are very unnecessary, they can only do harm


L'acharnement n'a jamais été l'un des pires défauts de Bob. Bien au contraire, elle l'a toujours considéré comme sa meilleure qualité. A défaut de dormir, elle bossait, quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit. Il n'était pas seulement question de reconstruire Destiny, il était aussi question de la consolider, de la protéger, de l'améliorer. Un travail de chaque instant, bien plus prenant que s'installer en position horizontale à attendre mort et cauchemars. Quoi qu'en disent les autres, il lui arrivait de dormir, oui. Quelques heures tout au plus, qui étaient entièrement suffisantes pour repartir s'occuper d'un monde qui menacerait toujours de s'effondrer. Pas de répit pour les braves, qu'ils disaient dans l'ancien monde. Par extension, pas de répit non plus pour l'étage où Bob était assignée à résidence pendant trois nuits par semaine. Elle ne faisait rien de grave, après tout : elle obéissait à l'ordre en restant sagement dans sa chambre, mais rien ne lui imposait de faire un effort de coopération supplémentaire. Les mécontents comme Bob dormiraient quand ils seront morts.
C'était acté.

Dans une nouvelle tentative pour la calmer, on lui avait imposé une camarde de chambrée. Elena, une femme calme et discrète, fraîchement arrivée. Une Petite Main, mais bon, on ne peut pas avoir que des qualités, dans la vie. L'étage tout entier s'était remis à respirer en voyant la grande blonde pénétrer dans l'antre de la Bricoleuse. Enfin, elle allait arrêter son bordel. Enfin, ils allaient profiter d'un calme tant attendu.
Bah non, hein, faudrait pas déconner non plus. Elena s'avéra être la compagne de chambre idéale pour Bob. Une femme tranquille, pas prise de tête, qui la laissait bien faire ce qu'elle voulait et prendre toute la place physique et sonore de la chambre. Pas que Bob lui adressât souvent la parole. Mais elle appréciait sa discrétion, qu'elle compensait elle-même en donnant encore plus vaillamment du marteau. Qu'ils aillent bien se faire foutre, les autres.

L'acharnement pouvait bien être la meilleure qualité de Bob, il était aussi le pire défaut de ses voisins. Considérant que la solution colocataire avait fait un flop, ils décidèrent de se tourner vers une autre. Nommément Leia Wayne, la gardienne de nuit de l'hôtel, une grande tige au regard blasé. Une nouvelle forme de routine avait fini par s'installer, là aussi. Les voisins, excédés, venaient frapper à sa porte. Les deux colocataires s'échangeaient un regard entendu, avant de reprendre le fil de leurs activités. Le silence s'imposait, dans le couloir. Jusqu'à ce que le plancher craque sous la démarche chaloupée de la gardienne. Quelques mots, deux haussements d'épaules, et un accord silencieux. Pas besoin de mots pour comprendre qu'elles considéraient toutes les deux que la survie de l'Humanité était bien pire que l'invasion. Même après l'invasion, même après les zombies, et des années à courir pour sauver leur peau, les humains avaient gardé cette merveilleuse aptitude de râler pour n'importe quoi. Il paraît qu'il y a une différence entre vivants et morts-vivants. Pour Bob, c'était du pareil au même, les deux se servaient beaucoup trop de leurs cordes vocales, à l'exception que pour les zombies, personne ne s'en est jamais plaint.

Ca aurait pu s'arrêter là, mais tout est encore une question de cordes vocales. L'un des voisins, réalisant que toutes les tentatives pour faire cesser le vacarme s'étaient avérées futiles, finit par prendre les devants. Peut-être était-il chanteur d'opéra, jadis. Ou peut-être n'a-t-il jamais été qu'un sombre con. Dans tous les cas, ce n'était qu'au moment où il se prenait pour une des alarmes incendie de l'ancien temps que Bob finissait par prendre les devants. Impossible de lui percer un deuxième anus à coups de tournevis, à celui-là. Un gars important, suffisamment pour être protégé, pas assez pour sacrifier le sommeil d'Elena à ses hurlements. Alors la petite bonne-femme prenait ses outils et son travail en cours, et finissait par quitter son atelier bis pour rejoindre la seule personne qui n'en avait clairement rien à foutre, du bordel qu'elle faisait. Leia Wayne.
Ca ne s'était pas produit suffisamment de fois pour devenir une routine. De toutes façons, elle finirait par le planter tôt ou tard, le Castafiore. Il suffisait qu'elle trouve une manière suffisamment subtile pour qu'on ne retrace pas sa piste, mais elle y arriverait un jour. Bientôt, dans l'idéal.

Malheureusement pour la Bricoleuse, ce soir-là, le baryton avait prévu de chanter tous les actes de Casse-Noisettes sur le pas de la porte. Le nez enfoncé dans un moteur de tronçonneuse, Bob regretta qu'elle ne soit pas encore en état de marche. Un accident est si vite arrivé. Elle emballa toutefois son matériel dans un vieux foulard, se leva dans un grognement et s'engouffra dans le couloir.

-Un jour, Pavarotti, j'vais t'enfoncer la tête dans le cul si profondément que tu verras à quoi ressemble l'intérieur de ton estomac !

C'était une promesse. Mais le con n'avait clairement pas compris à quel point, vu le sourire victorieux qu'il lui adressa. Et, comme c'était un intouchable, la perspective de réparer la tronçonneuse était d'autant plus pressante.

Elle fulminait, en dévalant bruyamment les escalier, son barda sur l'épaule. Elle bouillonnait en claquant brutalement les portes sur son passage. Un coup de pied final à la dernière porte, celle qui donnait sur la réception, pour marquer le coup. Voyant toujours rouge, elle contourna le bureau et se dirigea par automatisme vers la chaise que lui pointa la grande tige. Elle s'y assit lourdement. Jeta un coup d'oeil à la brunette. Pour une raison obscure, elle était debout sur son bureau. Elle devait faire facilement trois mètres, perchée comme ça. A vue de nez. Bob haussa les épaules. Pourquoi pas, écoute. Chacun occupe bien ses soirées comme il l'entend, alors si Leia préférait les passer à concrétiser sa transformation définitive en gratte-ciel, grand bien lui en fasse.

Les mâchoires serrées, elle fourra ses poings fermés dans ses poches. Son corps entier tressautait encore sous l'effet des nerfs, il ne lui servirait à rien de se remettre sur la manipulation délicate des ressorts du moteur. Tout comme il ne servirait à rien de cogner quoi que ce soit, vu qu'après, il faudrait le réparer. Un cercle vicieux, la destruction. La voix de la grande brune l'arracha de ses ruminations.

-Tu veux pas plutôt faire ça avec des couteaux ? Quitte à planter quelque chose. Ou quelqu'un...

Ses grands yeux sombres se posèrent sur les petites traces noires, au plafond. Vingt-trois fois, quand même, c'était pas rien. C'était déjà plus que de vouloir se faire aussi grande que feue la Statue de la Liberté. Dans un soupir las, elle finit par lui faire signe pour récupérer le fameux crayon. Elle l'agita distraitement entre ses petits doigts tremblants, avant de le jeter vers le plâtre écaillé. Il retomba sur le sol. Raté.

-L'Humanité me pète les ovaires, comme d'habitude. Et toi ?

Les yeux toujours rivés sur le plâtre, les nerfs toujours en pelote, elle considéra la trace qu'avait laissée sa tentative foirée. Une rayure crasse parmi une multitude de petits trous rapprochés, quasiment tous concentrés sur la même zone : au-dessus du bureau. A vue d'oeil, il y en avait nettement plus que vingt-trois. Depuis combien de temps Leia s'acharnait-elle à battre son record, au juste ? Apparemment suffisamment de fois pour s'en sortir correctement. Bien plus que la Bricoleuse, à vrai dire.
Pourtant Bob avait la réputation d'être une excellente lanceuse de tournevis. C'était peut-être ça, le problème.

La diction parfaite de sa compagne nocturne avait quelque chose d'apaisant. La Bricoleuse écouta d'avantage la nuance flûtée de sa voix que la réponse qu'elle lui apporta. Penchée sur le foulard où se trouvait tout son matériel, elle finit par attraper un tournevis. Le soupesa avant de le lancer vers le plafond. Il s'y enfonça comme dans du beurre. Soulagée par sa découverte, la charpentière murmura pour elle-même :

-C'était donc le crayon, le problème...

Une évidence, révélée au grand jour. Bob escalada sa chaise souplement, s'étira pour arracher le tournevis du plafond. Trop courte.

-Toi aussi, tu as envie de planter autre chose qu'un crayon dans autre chose que du plâtre, ce soir ?

Après tout, c'était pour cette raison qu'elle venait de jeter son propre tournevis, et qu'elle n'arrivait pas à l'atteindre. Ce fut pour cette raison qu'elle sautilla sur sa chaise pour tenter une dernière fois, avant de s'avouer vaincue. Avant de laisser sa place à la plus grande, et se laisser aller à apprécier la grâce paradoxale de ses gestes. Quand elles se retrouvaient, Bob avait l'impression d'être à côté d'une cariatide. Immense, belle et impassible, Leia évoluait dans la nuit en portant la connerie humaine sur ses épaules. Il y avait une différence notoire, toutefois, cette nuit-là.
La statue qu'était la gardienne du sommeil de Destiny avait l'air de vouloir parler un peu plus que d'habitude.

» excelsior ; Depeche Mode
Sujet: Re: « Fistful of Silence » BobxLeia   Mar 23 Avr 2019 - 7:51 —
Leia Wayne
Leia Wayne
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Bob avait une énergie qui avait toujours fasciné la brunette. Cette capacité à dégager ses sentiments d'un simple regard, d'un simple geste, il suffisait de l'observer attivement quelques instants pour savoir ce qu'elle ressentait vraiment. Pratique mais surtout, inaccessible aux yeux de la réceptionniste. Peut-être parce qu'elle n'était pas capable de sentir si fort, de vivre si brutalement. Y avait un filtre tellement épais entre Leia et la réalité que parfois elle se demandait si un jour, elle aussi, on avait pu lire toute sa rage dans son regard. Si un jour, elle n'avait eu ne serait-ce qu'un semblant de rage dans le regard. Mais c'était une question pour un autre jour, c'était toujours des questions pour d'autres jours. Moins elle se concentrait sur ce qui n'allait pas chez elle, mieux la belle se portait.


La bricoleuse lui répond avec une proposition que la standardiste envisage très sérieusement. Elle pèse le pour et le contre. Un couteau, qu'elle s'imagine en fixant le plafond. Pourquoi pas, qu'elle se dit d'abord, tout en se rappelant du nombre de crayons retombés à peine enfoncés. Trop dangereux, qu'elle conclue, suffisamment emmerdée par la vie pour ne pas voir ses paumes ou ses cuisses affublées d'une belle cicatrice toute neuve. Sans prendre la peine de relever l'envie de meurtre de sa camarade pour la nuit, lui laissant l'objet de convoitise entre les doigts et l'observant suivre une trajectoire parfaite mais pas assez rapide. Le crayon tombe dans ce petit clinquement particulier qui laisse un frisson à Leia, de ces frissons qui appartiennent au passé. De son cerveau qui lui entre-ouvre une porte en lui montrant que ce bruit, elle l'a entendu des milliers de fois, qu'il faut juste qu'elle apprenne à de nouveau l'écouter.

Un sourire fin se dessine sur ses lèvres alors que Bob lui offre une réponse évidente suite aux voix agitées plus tôt dans la soirée. D'un simple hochement de tête, elle ne prend pas la peine de lui affirmer qu'elle va bien ou pas. Elle ne va jamais ni bien ni mal, Wayne, elle va, et c'est déjà ça. Alors le sourire et le hochement rassurant, c'est une réponse suffisante. Personne ne la brusque, personne ne la cherche. La fille de l'ombre n'est pas très bavarde et tout le monde le sait, et s'en contente. Probablement parce qu'à part elle, tout le monde vit, se hurle dessus ou s'énerve, tout le monde prend part aux battements de cœur de Destiny tandis qu'elle ne fait que les regarder de cet œil moitié vide, moitié fermé.


Observant de ses grandes billes brunes la mécanicienne trifouiller son matériel, elle ne prend pas la peine de lui demander ce qu'elle y cherche, sachant que la réponse arrivera tôt ou tard, si elle continue de regarder. Pas manqué, le tournevis se glisse entre les doigts de sa propriétaire, maîtrise parfaite alors que le geste précis et sans un soupçon d'hésitation vaut à l'outil de s'écraser dans le plafond, cette fois-ci, sans en retomber. Perplexe, la scientifique observe la scène d'un œil, sans trop savoir ce qui la force à rester fixée sur l'outil parfaitement planté. Le murmure de Bob lui parvient à l'oreille et lui laisse un sourire aux bords des lèvres. Peut-être que c'était le crayon le problème, ou peut-être que c'était Leia, mais ça, elle ne l'articulerait pas.

Voyant la jeune femme bien plus petite qu'elle grimper sur sa chaise et se tortiller dans tous les sens pour essayer d'atteindre son objet, Leia la laisse faire, sans une once de moquerie mais pas non plus un geste pour aider. Naturellement, la belle ne fait qu'observer, encore et toujours. Spéctatrice de sa propre vie depuis trop d'années. La question de la brune la fait pourtant décrocher de son état second pour la pousser de nouveau dans une réflexion assez soudaine. Avait-elle envie de planter autre chose qu'un crayon dans du plâtre ? La doctorante hausse les épaules et laisse les secondes s'écouler alors que son crâne lui, tente désepéremment d'analyser. Voyant Bob descendre de la chaise et abandonner sa quête, elle lui offre temporairement sa place pour se hisser sur la chaise de prêt et étendre lentement son bras pour détacher le tournevis bien enfoncé. Histoire d'être sûre que le plafond ne tombe pas avec ce dernier, elle glisse sa deuxième main contre le plâtre afin de maintenir une pression pour compenser. Tout en faisant tout ça, la nuque tendue vers son objectif, sa voix passe enfin les portes de ses lèvres. « Je ne sais pas si j'ai envie de planter quoique ce soit, à vrai dire. »

Tournevis en main, elle offre un large sourire satisfait à Bob, non seulement parce qu'elle va pouvoir le lui rendre d'un geste doux, en lui tendant la main mais aussi parce que le plafond ne leur est pas tombé sur la tête. Et ça, c'est une sacrée victoire. « Je... je crois que j'avais l'habitude de faire ça. » Qu'elle dit en pointant le crayon et le plafond successivement. « Avant. Un truc pour m'aider à me concentrer. » C'est une vérité arrachée à demi-mot, même Leia hésite à creuser plus son propre cerveau. Alors elle hausse de nouveau les épaules et trouve une fois de plus la terre ferme, puis sa place attitrée en quelques secondes seulement.

« Tu m'as l'air vraiment... » quelques instants pour trouver le mot juste, le mot parfait. « Tendue, ce soir. Normalement ils ne t'atteignent pas autant, là haut. Il s'est passé quelque chose ? » Profondément intéressée par la réponse, elle fixe le regard de la brunette avant de continuer, réalisant que ce n'est ni dans ses habitudes, ni sans doute ce qu'on attend d'elle. Leia n'est pas sensée être là pour analyser les gens, ni pour analyser quoique ce soit, tout le monde le sait, elle la première. La réceptionniste détourne le regard pour retrouver sa paperasse du soir et reprendre, toujours aussi calmement, posément. « J'arrête pas de me concentrer sur des détails en ce moment et une part de moi se demande ce qu'ils signifient. T'as les yeux un peu plus sombres que d'habitude et tout à l'heure tes mâchoires étaient serrées, tes poings très refermés. » Elle appuie son propos par des faits concernant la jeune femme à ses côtés et puis laisse sa chevelure brune descendre le long de ses épaules alors qu'elle lui offre un sourire pour la rassurer, pour lui montrer que tout est comme avant, qu'elle est comme avant. « Mes mots dépassent ma pensée ce soir, je suis navrée. Je ne veux pas te brusquer. » Elle est la première à rarement décocher un mot, et le faire de manière tellement détachée quand elle le fait que personne n'ose réellement s'approcher. C'est sans doute pour ça qu'elle a conscience qu'elle ne peut pas attendre autre chose des autres, pour ça qu'elle offre à Bob l'occasion de pas répondre.

Son visage se ferme une seconde alors qu'elle se demande si son cerveau va la forcer à analyser tout et n'importe quoi encore longtemps, si, comme depuis ces deux derniers mois, ce réflexe va s'accentuer jusqu'à devenir inévitable. Tout ce qu'elle redoute. Perdre son filtre, qui vole en éclat. Perdre tout ce qui la protège de la réalité. Sa main droite rejoint lentement son bras gauche, légèrement tremblante de sa propre pensée, propre peur, complètement déconnectée de la réalité pour dix secondes. Mais elle se pince légèrement, pour se ramener à la réalité. La réalité où tout va bien, où Bob est là, Destiny est encore debout. La réalité où personne n'attend rien d'elle, où personne ne la force à en dire plus sur elle. Et elle respire enfin de nouveau, sans avoir réalisé que les dix secondes passées avaient bel et bien été réelles. Et que Bob avait peut-être tout vu, dans le moindre détail. Mais ça, ça lui passe complètement au dessus. Alors elle lui sourit et lui dit calmement. « Je crois qu'il y a une plaque de plâtre dont personne ne se sert, derrière l'armoire là bas. » Qu'elle pointe du doigt. « Si tu veux, on peut dessiner une cible dessus, et lancer des trucs, comme un petit jeu ? » C'était stupide mais nécessaire. Nécessaire de stopper son cerveau, de stopper tout le processus qui s'était installé pour la faire parler. Parce que ça allait mal tourner. Pas pour Bob, ça non, mais pour elle par contre, à n'en pas douter.
Sujet: Re: « Fistful of Silence » BobxLeia    —
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